La première fois que j’ai posé les pieds dans l’aréna du Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal, j’avais 17 ans et je venais assister à un spectacle de System of a Down. Mon seul souvenir était la ligne bleue qui fermait plus tôt qu’un bar d’Ottawa et le long bruit strident qu’avait été ce spectacle, gracieuseté de l’acoustique de l’endroit.
Quatorze ans plus tard, lors de mon premier jour à l’emploi des Carabins de l’UdeM, je suis tombé en amour. Lorsque les portes de l’amphithéâtre se sont ouvertes devant moi, au premier coup d’œil, j’ai été soufflé par sa beauté.
Pour vous faire comprendre son charme et vivre une immersion complète dans l’univers coloré de cet aréna unique, Lore Baudrit de l’équipe de hockey féminin des Carabins et moi avons concocté ce petit hommage.
Un lieu historique
Construit dans les années 60, l’aréna du CEPSUM a accueilli les compétitions d’escrime des Jeux olympiques d’été de 1976. D’ailleurs le président du Comité international olympique, Thomas Bach, a remporté la médaille d’or avec l’équipe de l’Allemagne de l’Ouest au fleuret à cet endroit.
Depuis 2009, c’est la maison de l’équipe de hockey féminin des Carabins.
La couleur des bancs
Impossible de nier l’époque au cours de laquelle ce bâtiment a vu le jour. Les 2 500 sièges aux couleurs rouge, orange, jaune et vert lime nous font voyager dans le temps. Il est important de noter que ces couleurs ne délimitent pas des sections comme au Centre Bell. On ne peut donc pas dire « j’ai un billet dans les verts lime », puisque l’agencement psychédélique est sous la forme d’une rotation des couleurs.
Les murs de bois et les rangées de lattes qui semblent être en béton au plafond sont également un excellent témoignage de la latitude dont jouissaient les architectes de l’époque. Certaines joueuses de l’équipe des Carabins m’ont d’ailleurs confié craindre que ces plaques tombent un jour, à l’instar de leurs cousins les viaducs.
Le mur du fond est couvert par un immense drap noir. Ce dernier est parfois un irritant pour les joueuses, puisqu’il cache souvent l’horloge au mur, et parfois la porte d’entrée de leur vestiaire. Rien de mieux que de perdre deux minutes de la pause de l’entracte à chercher l’ouverture dans le rideau.
L’odeur de hot dog et de maïs soufflé est une tradition dans les arénas du Québec. Ce qui est particulier au nôtre, c’est la proximité du casse-croûte qui se trouve aux abords de la patinoire, soufflant le doux fumet des saucisses tout bœuf vers les narines des joueurs/ses sur la patinoire.
Les dessins sur la glace
La glace de l’aréna est en bon état, entretenue avec soins par les préposés de l’université. Cependant, l’été plus particulièrement, de la condensation se forme dans les hauteurs et les gouttes qui tombent sur la glace font des trous. Parfois, on doit mettre une poubelle sur la patinoire pour indiquer où se trouvent les endroits dangereux.
À une certaine époque, les professeurs de patinage du weekend dessinaient sur la patinoire avec des crayons spéciaux pour agrémenter leurs cours. Le problème, c’est que ces œuvres demeuraient sur la glace jusqu’aux entraînements des Carabins. Un dessin d’un château ou d’une princesse pendant un match de hockey, ça fait moins sérieux.
Une faune diversifiée
Il arrive à l’occasion que certains animaux s’invitent dans l’aréna. Quelques oiseaux errent dans les hauteurs parfois, et un petit écureuil a semé l’émoi l’automne dernier en trouvant son chemin jusque dans le vestiaire des Carabins.
L’automne, les coccinelles envahissent le CEPSUM, et plusieurs aboutissent dans l’aréna. Elles sont parfois plus d’une centaine à terminer leurs jours sur la glace.
Le vestiaire
Au beau milieu de ce mélange de couleurs et de textures, se cache dans les entrailles une oasis de fraîcheur. C’est dans le sous-sol du bâtiment que se trouve le vestiaire des Carabins, et il est vraiment très beau.
Ça n’a cependant pas toujours été ainsi. Avant que les Bleus ne s’y installent, c’était une forme de débarras où se trouvait notamment une rampe de skateboard. Le bureau de l’entraîneuse-chef était l’endroit où les artisans du rock se reposaient avant leur performance. Le divan bourré de mégots de cigarette a fait place à quelque chose de plus propre.
Descendre dans le vestiaire à la fin des périodes pose cependant un défi de taille pour les gardiennes. Les marches sont étroites, et se déplacer avec un équipement de gardien n’est déjà pas évident en soi.
Même s’il a ses petits défauts, l’aréna du CEPSUM demeure un des amphithéâtres les plus légendaires de la ville.
Prenez le temps de venir le découvrir, la ligne bleue ferme plus tard maintenant.
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Votre aréna local a de nombreuses particularités (la madame de la cantine y travaille depuis qu’elle a 14 ans, la sloche est faite avec de la neige de la zamboni, les douches datent de la Première Guerre mondiale, etc.) serait un excellent candidat pour la chronique «Aréna du mois»?
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