Vendredi soir – Montréal était baseball.
Une nouvelle tradition printanière s’impose dans la métropole : celle de faire comprendre au baseball majeur que les Expos doivent revenir même si notre Stade ressemble à un décor en papier mâché d’un film de science-fiction des années 70.
Ceci étant dit, plus de 46 000 crinqués étaient présents au Parc olympique et si vous n’étiez pas du nombre, voici ce que vous avez manqué lors de cette soirée de balle comme dans le temps de Gary Carter.
Des dizaines de milliers de casquettes des Expos. Bon, j’exagère un peu sur le nombre, mais l’impression y était. Des casquettes de toutes les époques, certaines encore avec les étiquettes de la boutique, d’autres jaunis par le temps, toutes avec le même logo nostalgique de Nos Amours.
Parlant des casquettes, il y avait aussi des partisans déchirés. Certains portaient une chemise des Blue Jays par-dessus celle des Expos, d’autres plus audacieux arboraient les couleurs des Reds pour ne pas encourager les « méchants » de Toronto. Une chose était indiscutable par contre : tous ces partisans souhaitaient le retour des Expos. Les autres équipes n’étaient qu’un prétexte afin d’exprimer ce désir.
Le père de Russell Martin a joué les deux hymnes nationaux au saxophone, un moment fort en émotion pour le receveur des Blue Jays qui cachait bien mal sa fierté et ses joues mouillées quand la caméra se braquait sur lui. C’est aussi ça le baseball – de l’émotion, de l’histoire, des traditions.
Malgré tout, une partie de nous tous se souvenait de ceci en voyant le sax de monsieur Martin.
Un stade désuet – mais rempli de bonheur. Même les employés temporaires étaient tout sourire de voir autant de vie un vendredi soir au Stade.
Parlant des employés, la nourriture était par contre limite insalubre, même si elle ne faisait que des heureux. Un mélange inexplicable de nostalgie et de magie du baseball rendant le tout acceptable, malgré les grognements de protestations de notre estomac après deux bouchés d’une pizza goûtant le fond de congélateur.
Grâce aux rampes d’accès du Stade pour les différents niveaux, les gardes de sécurité patrouillent en segway – joyeuse façon de ne pas trop avoir la fourche au vif après une soirée à faire des va-et-vient parmi les heureux partisans.
Si vous n’y étiez pas, vous avez manqué Vladimir Guerrero et l’ovation monstre qu’il a reçue. C’était si beau. D’ailleurs, personne d’autre que Vlad ne pouvait espérer voler la vedette à Denis Coderre dans SON stade, sauf que le prince dominicain du marbre ne s’est jamais senti menacé par D.C. Le gazon du Stade sera toujours celui de Vlad, même quand il est remisé pour l’hiver.
Vous avez aussi manqué un sportif québécois dans une ligue professionnelle nord-américaine qui ne pousse pas une rondelle de hockey. C’est quand même rare. Chapeau, Russell.
Entre les manches, des ti-culs s’imaginant dans l’uniforme des Expos plus tard jouant à la balle avec des boules de papier d’aluminium près de la salle de bain, attendant avec impatience le retour d’un parent avec les bras plein de victuailles pour le retour dans les gradins.
Malgré un match absolument pas offensif, la foule y allait d’encouragements soutenus et survoltés aux bons moments.
D’ailleurs, le doux son des bancs qui claquent au Stade ne va pas s’en refaire vivre de nombreux souvenirs heureux. Un après-midi d’été à la balle, les joues barbouillées de ketchup, le gant sur les cuisses avec l’espoir d’une fausse balle dans notre direction – bref, la vie.
Pour les nostalgiques, le bordel au Métro Pie-IX après le match est un classique. Voir des hommes grisonnants danser bras dessus bras dessous, le bonheur aux lèvres avec des effluves alcoolisés, hurlants des « Go Expos Go » bien ressenti. C’est si beau, même si on se sent un peu envahi par cette marée humaine.
Et, bien sûr, vous avez manqué du baseball à Montréal, au Stade olympique – une réalité qui n’aurait jamais dû cesser d’être. Merci Jeffrey Loria de nous obliger à envoyer des food trucks au Parc olympique pour avoir l’impression qu’il sert à quelque chose l’été maintenant. Merci Beaucoup !
Et il y avait aussi un match samedi après-midi malgré la neige détestable. 50 000 personnes n’ont pas laissé mère Nature refroidir leurs ardeurs et sont allés encourager les Blue Jays Expos au Stade. Si vous étiez à l’un de deux matchs, votre voix sera peut-être la bonne pour que le baseball majeur écoute enfin nos demandes.
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