Lors de mon passage dans la jungle urbaine de Sao Paulo, je devais absolument assister à une partie. Au Brésil, le futebol est une obsession. Une religion. On se tatoue littéralement le nom de notre équipe sur le torse. À côté des partisans des équipes du Brasileirão, les plus ardents amateurs des Canadiens ont l’air de faire partie d’un club de tricot.

J’ai donc acheté des billets à 15 Reals, soit 7$, pour un match opposant Palmeiras aux Corinthians, deux formations basées à Sao Paulo. Un des plus grands et violents derbys de la planète.

La plupart des fans brésiliens vivent leur passion du sport dans l’amour et l’allégresse.

Mais il existe aussi des hooligans, qu’on appelle organizanados. Et on ne déconne pas avec ces groupes, qui ont parfois des liens avec les bandes criminels. Entre 1988 et 2014, 234 personnes sont mortes dans des circonstances liées au soccer au pays, dont 30 l’an dernier.

Le match a donc lieu au mythique stade du Pacaembu, l’un des plus vieux du Brésil. Je suis dans le tobogã, la section populaire derrière les buts. Une arène où les sièges ne sont pas attribués… Mais de toute façon, on saute du début à la fin de la partie, en faisant vibrer le béton.

L’équipe qui reçoit est Palmeiras, dont l’uniforme est vert. Me voyant tout habillé en noir, la couleur des Corinthians, un ami me conseille vivement de me trouver du vert, si je ne veux pas me faire cogner dans les gradins.

À l’entrée du stade, les partisans finissent rapidement leurs bières dans la rue avant d’être fouillés par un sympathique policier militaire vêtu d’une veste par balle et d’un casque en kevlar. Au Brésil, une loi interdit de boire de l’alcool lors des matchs. Ce règlement a par contre été levé pendant la Coupe du monde, l’été dernier.

À l’intérieur, les fans des Corinthians sont ségrégués dans une section du stade, entourés de policiers armés d’énormes fusils et de boucliers en fibres de verre. Torses nus, ils sautent, ils chantent et frappent sur des tambours. Les drapeaux noirs flottent.

En bas, autour du terrain, d’autres agents surveillent la scène, avec à leur côté des bergers allemands prêts à mordre le premier organizanado à descendre sur la pelouse.

À mesure qu’ils entrent dans le stade, tout le monde, petits et grands se met à faire des fuck you aux hooligans de l’équipe adverse, en chantant: « Filha de puta e Conritiano! »

Pour être bien honnête, j’aime le soccer, mais cette fois, je n’ai pas vraiment regardé la partie. Elle s’est terminée 1 à 1 et tout le monde était déçu.

Pendant 90 minutes, j’ai regardé des fanatiques s’insulter, se brasser la bedaine tatouée en sautant sur place, frapper sur des tambours en évoquant la mère des joueurs de l’équipe adverse… Le vrai spectacle était là.



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