Moi, j’t’une vraie. Depuis 1972.

J’ai trois ans et demi, pis accrochée à la jupe en macramé de ma mère, j’entends hurler au sous-sol. Un rugissement qui vient du ventre, d’une violence terroriste sur le derrière d’Olympiens. C’est mâle, testiculaire. Ça m’intrigue et me fait peur un brin.

Profitant que les bonnes femmes s’osbstinent à qui est le plus cool : Mao, Trotski ou Pink Floyd, je descends les marches de reculons jusqu’à l’antre de la bête en poils shaggy. Y’a une atmosphère de Player’s light et de Labatt 50.  Sur la grosse Zénith en bois bougent des bonhommes gris et gris foncé sur un fond gris pâle. Les hommes sur le divan carreauté gueulent après un dénommé «Parise», l’accuse d’être une tête morte qui va nous coûter la série. Y’a pas d’filles en bas pour regarder la game. Même la future lesbienne de la famille reste en haut pour éteindre sa brassière.

L’homme qui me sert de père me dépose entre le bol de joints pis mononcle Robert et m’explique de bien regarder, qu’on vit un moment historique … Ok, ça se peut que y’aille juste dit : «Assis-toi icitte pis reste tranquille», mais tsé…

Bref, les méchants, c’est les Russes pis les gentils, c’est les gris pâles. J’essaie de suivre la puck métaphorique. Je comprends rien, mais j’ai mon premier avant-goût d’esprit sportif. Je lève le poing à l’unisson, comme une mime miroir et je perroquette les grands. Le ref est vendu! Envoye pique-zy! Defense! Pis toute la patente. Je tripe. C’est pas clair pourquoi, mais je tripe solide.

34 secondes avant la fin de la troisième période, LE but. 34 secondes! Une victoire miracle comme dans les vues. Le sous-sol pis le pays bondit, la gueule ouverte. La joie testostérone, la joie sismique qui déchire telle une formule 1 dans mes tripes. L’essence même du sport en une shotte d’adrénaline rassembleuse. On me soulève, trophée confuse et heureuse. On a gagné!

On a gagné!! C’te fois-là, j’essaie de la revivre à chaque évènement que je me tape depuis 42 ans.

J’t’une vraie. Une athlète de salon qui se gratte les gonades en ronnefourniant après l’écran. J’aime tous les sports, même le curling féminin! «Hurry hard, Martha! Hurry haaaard!!!» Man, que j’aime ça. En gang, à deux ou en solitaire, j’aime ça. J’ai le cœur en forme de CH, les Saints fermes pis les doigts en foam. J’suis tellement fan que j’souhaiterais avoir un char juste pour pouvoir klaxonner en malade quand mon équipe torche les Bruins, les Bears ou les Bisons de St-Eustache.

La seule chose qui manquait à mon bonheur, la Don Cherry on top, c’était de vous donner mes analyses en direct de mon salon. Fait que je vais vous bloguer ça, les chums et chumettes, une coche au d’sus du Houde.

Là, vous vous dites, «Elle était floune, comment est sûre qu’elle a vu la dernière partie de la série du siècle? Peut-être qu’elle romance dans ses souvenirs de bambine.» Et bien, j’en suis certaine parce que c’est aussi la fois où ma tante Pierrette est allée planter un dard de jardin direct dans le pied de ma tante Solange.

On en jase à chaque année autour de la dinde, du match gagné pis de l’orteil perdu, fait que…



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