Jeudi dernier avait lieu la conférence « Elle & sport », un événement qui portait, vous l’aurez deviné, sur la place des femmes dans le sport, mais aussi dans le monde des affaires… liées aux sports.
L’idée derrière cette soirée était de réunir des femmes qui ont fait du sport leur carrière pour discuter de leur parcours. L’organisateur, qui a longtemps coaché des équipes féminines de soccer, a expliqué que l’inspiration lui est venue lorsqu’une de ses jeunes joueuses a déclaré qu’elle aimerait suivre ce chemin, mais qu’à l’exception de Chantale Machabée, elle n’avait pas de modèles.
Et bien, sans rien enlever à Chantale, ces modèles étaient au rendez-vous! Et ce qu’elles avaient à dire était inspirant et motivant.
Premier panel
Les premières discussions tournaient principalement autour des parcours de ces femmes qui travaillent dans l’administration et la gestion du sport.
Catherine Raîche est directrice de l’administration football des Argonauts de Toronto et avocate de formation. Elle a toujours voulu travailler dans le football alors elle a décidé de s’impliquer auprès des Alouettes. Collaborant d’abord bénévolement, elle a ensuite réussi à se tailler une place dans l’organisation. Devenue la première femme assistante directrice-générale de la LCF, elle était responsable des opérations football, mais assistait aussi au Combine et aux camps d’entrainement en plus de s’impliquer dans le recrutement, même si sa présence pouvait en faire sourciller plus d’un.
Dans le cas de Montserrat Flores Maso, tout a commencé avec le coaching. C’est grâce à ça qu’elle a trouvé sa voie, se décrivant d’abord et avant tout comme une entraîneuse. Ça se sentait lorsqu’elle parlait avec fierté des joueurs qui appliquent ses conseils sur le terrain ou quand elle voit l’impact (sans faire de mauvais jeu de mots) positif que le sport a sur leur vie personnelle.
Enfin, Manon Simard, la directrice du Sport d’excellence pour les Carabins de l’Université de Montréal, nous a parlé de son parcours avec son programme de sport élite. Alors qu’il y a 25 ans, celui-ci battait de l’aile, aujourd’hui, c’est plus de 520 athlètes qui évoluent au sein de 23 équipes.
Une de ses grandes fiertés, en plus des résultats académiques de ses Carabins, réside dans l’offre sportive pour les femmes qui est presque égale à celle des programmes masculins. Elle a, entre autres, revalorisé le programme de cheerleading ainsi que priorisé le hockey féminin à l’université. Selon elle, les hockeyeuses passent trop souvent au second plan face à leurs comparses masculins, et elle voulait faire changement!
Deuxième panel
Pour la seconde partie de la soirée, l’avocate Marianne Saroli a parlé de (vous l’aurez deviné) l’aspect légal du sport! Son parcours fascinant l’a mené à travailler avec les Flames de Calgary, mais aussi aux Olympiques de Londres et maintenant au tribunal arbitral du sport en Suisse, tout en se créant ses propres opportunités en tant qu’analyste légale sportive (notamment pour RDS) et auteure.
On a aussi pu entendre Guylaine Girard, une préparatrice mentale qui travaille entre autres en gymnastique et avec l’équipe de Ultimate frisbee, le Royal de Montréal. Puisque ce sport se pratique en équipe mixte, cette dernière, qui a été à la fois coach et athlète avant d’être préparatrice, apportait des nuances intéressantes entre les sportifs et les sportives et la façon de coacher ceux-ci. Par exemple, les hommes seraient plus axés sur la compétition alors que les femmes favorisent le dépassement de soi. Les femmes recherchent souvent l’harmonie dans un groupe alors que les hommes priorisent les résultats. Enfin, elle a observé que souvent les femmes veulent perfectionner leur technique alors que les hommes veulent simplement compétitionner. En comprenant ces différences, même si c’est un peu généralisé, on peut aider les athlètes à être plus complets s’ils réussissent à assimiler les capacités de l’autre.
Enfin, on a pu entendre deux femmes athlètes Émilie Bocchia, ancienne joueuse des Canadiennes, et Kim Clavel, une boxeuse professionnelle, parler de la réalité de leur sport, d’autant plus qu’il s’agit de disciplines genrées. Non seulement depuis leur jeunesse, on leur répète qu’il s’agit de « sports de gars », mais concrètement, il y a toujours eu moins d’opportunités pour les femmes.
L’autre problématique pour les femmes athlètes la visibilité. Manon Simard est revenue sur scène brièvement pour donner des chiffres désastreux : les femmes ne représentent que 1,6 % de la couverture médiatique sportive INCLUANT les Olympiques, alors que 76 % des médailles sont récoltées par des femmes. Lorsqu’on exclut les Olympiques, le pourcentage chute à un piètre 0,6 %.
Si on ne voit pas les femmes dans les médias, elles n’ont pas de commanditaires, ce qui fait qu’elles n’ont pas de financement pour leur pratique sportive et doivent donc la payer de leurs poches. Kim Clavel racontait entre autres qu’elle avait déboursé environ 4000 $ pour participer aux championnats du monde en Chine alors que les billets d’avion des boxeurs masculins étaient payés. Les sportives doivent aussi occuper des emplois à temps plein pour subvenir à leurs besoins, comme Émilie, qui travaille en marketing à l’extérieur du hockey, et Kim, qui est infirmière dans un département d’obstétrique avec les bébés naissants (quand elle n’est pas en train de casser des gueules sur un ring).
Pour réellement encourager les femmes athlètes, il faut consommer du sport féminin. Kim a invité tout le monde à suivre son combat le 24 novembre prochain à Rimouski et Émilie a poussé le tout plus loin en demandant combien de gens avaient déjà assisté à un match des Canadiennes. Et bien que la salle était remplie de gens qui ont à cœur le sport féminin, seulement quelques mains se sont levées.
C’est ce que j’ai surtout retenu de la soirée. Bien sûr, les panélistes ont parlé de l’importance d’être passionnée et motivée, de se faire confiance, de bien s’entourer, de connaître sa valeur et de faire ses preuves. Mais je crois aussi que pour encourager les femmes passionnées et motivées, il faut être solidaire, créer des connexions, ne pas hésiter à donner des chances et les appuyer concrètement.
Les problématiques que les femmes rencontrent dans le sport ne seront pas réglées suite à un événement comme celui-là. C’est un gros paquebot qui tente de virer et ça ne se fera pas du jour au lendemain…
Mais moi, j’ai eu envie de mettre la main à la pâte… et de m’acheter des billets pour un match des Canadiennes!
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