En 1994, nous étions plus jeunes et le nom de Jean-Luc Brassard est apparu dans nos vies comme un météore.
Le boss des bosses venait de remporter l’or à Lilehammer en ski acrobatique. Avant Alexandre Bilodeau, les soeurs Dufour-Lapointe et Mikaël Kingsbury, il y avait Brassard pour ouvrir le chemin, allumer le rêve olympique pour ces jeunes skieurs qui, en 94, était encore à la petite école en train de cultiver un rêve.
Depuis, Brassard est resté près de la grande famille olympique canadienne. Il a été, notamment, chef de mission aux Jeux de Rio en 2016. Avant ça, il était impliqué auprès des athlètes, dans les coulisses et devant les médias.
Les Jeux Olympiques au Canada, Jean-Luc Brassard avait ça dans le sang.
Mais, au cours des derniers mois, rien ne va plus entre le COC et Jean-Luc Brassard. Une amertume s’est installée à la suite du scandale de Marcel Aubut et Brassard, qui n’a pas la langue dans sa poche, ne s’est pas privé afin de donner sa version des faits à différents médias.
Mercredi, lors de l’hebdomadaire Les Francs-Tireurs à Télé-Québec, Brassard a discuté longuement avec l’animateur Benoît Dutrizac et, finalement, il a levé le voile sur sa réelle position face à son sport et le portrait n’est pas rose.
Dans une entrevue d’une quinzaine de minutes, Brassard dénonce le dopage très répendu dans le mouvement olympique et l’hypocrisie du Comité olympique canadien dans la gestion de l’affaire Marcel Aubut.
Il déplore aussi le fait que le COC et le Comité International Olympique soient des organismes indépendants à buts lucratifs, bref des compagnies avec des états financiers confidentiels.
Brassard ratisse très large dans sa critique en touchant la corruption, les droits de diffusion, l’exploitation des athlètes et le désintérêt complet des diffuseurs pour le sport amateur à l’extérieur de la fenêtre olympique.
Le médaillé d’or en ski affirme, sans broncher, qu’il souhaite voir la fin des Jeux Olympiques en raison des salaires astronomiques des dirigeants, du manque de respect, des magouilles entre les villes et le CIO et le dopage.
Par contre, il ne contourne pas la contradiction quand on lui demande pourquoi il ira commenter les Jeux pour le consortium de Radio-Canada. Pour lui, il s’agit de la seule occasion de commenter à la télé le sport qui le passionne, même si l’entreprise des Jeux n’est plus l’usine à rêves qu’il entretenait plus jeune.
Vraiment une conversation fascinante sur les dessous d’une industrie qui brasse des milliards et des milliards de dollars dans des pays qui n’ont pas forcément les reins pour supporter toutes ces infrastructures.
Chapeau à Jean-Luc Brassard de prendre le micro quand on lui tend et d’offrir un discours qui sort du festival de la tape dans le dos relié à l’intouchable esprit olympique de Pierre de Coubertin.
Il faut se le dire, nous sommes loin de la noblesse des idées de monsieur de Coubertin et Jean-Luc Brassard ne mâche pas ses mots.
L’entrevue complète avec Benoît Dutrizac se regarde sur le site de Télé-Québec
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