Quand c’est un cas isolé, on peut conclure qu’un individu n’est pas au diapason du groupe. Deux, on pourrait commencer à faire un lien et chercher une cause plus profonde qu’un écart individuel. Après trois, quatre, voire même cinq, c’est peut-être le temps de se poser de sérieuses questions.
Ici, le sujet, c’est l’inclusion dans le monde du hockey. Plus spécifiquement, l’ouverture à la diversité de tous les genres et orientations du spectre LGBTQIA+. Et là, avant de poursuivre, je dois tout de suite préciser que je ne suis probablement pas la bonne personne pour soulever cet enjeu. Je n’ai pas de cheval dans la bataille. Cette sensibilisation, ce n’est pas mon combat et mon identité de genre et mon orientation sexuelle ne sont pas questionnés par la société.
Je cadre dans le moule, tout bêtement. Je ne rencontre pas ces problèmes et ma sensibilité n’est pas naturelle à ces sujets. Elle a été construite à force d’écouter les gens autour, à force d’assister à des mouvements solidaires, à force de prendre conscience que la facilité de ma situation n’est pas forcément celle des autres.
Bref, j’ai appris des choses notamment grâce à des initiatives de sensibilisation comme celles des soirées de la fierté dans la LNH. Je cible la LNH ici parce que c’est le sujet de cet édito, mais c’est bon pour toutes les sphères de la société.
Un «Pride Night», ce n’est pas une fête pour célébrer la diversité sexuelle, comme craignent certains détracteurs. C’est, tout simplement, une façon de souligner que des gens ont des difficultés dans la société en raison de leur position sur un spectre élargi d’identité et qu’on veut aller vers un endroit, collectivement, où ces discriminations n’existent plus.
C’est beaucoup de mots pour dire que ces soirées sont encore pertinentes parce que cette égalité des opportunités n’est pas encore présente et les désistements récents de plusieurs joueurs de la LNH nous démontrent que l’ouverture dans le monde du hockey, même si elle est poussée par les instances décisionnelles, n’est pas encore bien cernée par l’entièreté du groupe.
Un pas vers l’avant, deux vers l’arrière
— luke prokop (@lukeprokop_6) March 21, 2023
Luke Prokop, cette semaine, a dénoncé le manque d’inclusion affiché par les joueurs de la LNH qui ont refusé de porter des chandails pour les soirées de la fierté. Après James Reimer et Ivan Provorov, c’était au tour des frères Staal de refuser les maillots «Pride» en citant leurs croyances religieuses. Il y a aussi les Blackhawks de Chicago qui ont changé leur fusil d’épaule en ne déployant pas un chandail spécial sur la glace afin de «protéger» les joueurs russes au sein de l’organisation alors que d’autres joueurs, comme le gardien des Panthers Sergei Bobrovsky, ont supporté les initiatives sans broncher.
Cette ouverture à deux vitesses, c’est ce que dénonce Prokop, le premier joueur ouvertement homosexuel sous contrat avec une équipe de la LNH. Ça aussi, en passant, c’est un bel indice que l’ouverture est encore en retard au party. Dans une ligue d’environ 600 joueurs, il y a seulement un homosexuel affiché. Ça en dit long sur la culture entourant le sport.
Mais bon, passons sur ce point, c’est pas le sujet en ce moment.
Le problème souligné par Prokop et par d’autres cette semaine, c’est que la LNH fait la promotion de la diversité d’un côté et laisse les joueurs se cacher derrière mille et une raisons pour faire la promotion de l’intolérance de l’autre.
Deux poids, deux mesures.
Si votre employeur organise une campagne de sensibilisation dans le cadre du travail, par exemple, c’est votre devoir de salarié que de participer sans envoyer un message contraire. Sinon, il y aurait forcément des conséquences. Personne en fait de cas quand on amasse des fonds pour lutter contre le cancer, par exemple. Mais pour la liberté des individus à vivre leur sexualité comme ils veulent, là, il faut réviser ses principes et ses croyances avant de faire la promotion d’un monde égalitaire.
C’est quand même profondément niaiseux, n’ayons pas peur des mots.
Sérieux, c'est pas fort ça.
Maintenant, la question : est-ce que porter ce chandail 15 minutes à l'époque a changé quoi que ce soit à sa vie? Probablement pas. Mais c'est BEN important de souligner qu'il ne veut pas en porter un pour faire entorse à ses valeurs chrétiennes. https://t.co/Dm3fzKg1Gj
— Balle Courbe (@ballecourbe) March 24, 2023
Une autre chose vraiment niaiseuse, c’est que la LNH regarde dans l’autre direction. On laisse les joueurs et même une équipe se cacher derrière la religion ou la politique pour refuser d’envoyer un message d’ouverture et d’inclusion.
Ce qui me porte à croire que le hockey, dans le fond, cache peut-être de façon malhabile son étroitesse d’esprit et ça, c’est quand même un gros problème.
On commence à le sentir que la marmite déborde au département de l’oppression. D’un côté, il y a les joueurs qui ne veulent pas juger personne mais qui refuse d’inclure la diversité. De l’autre, tu as un jeune qui brise un fauteuil roulant pour «le fun» et tout ça pendant que le gouvernement enquête sur la culture des initiations dégradantes chez les ados et les enfants dans les vestiaires de hockey.
Ça commence à faire beaucoup de fumée pour ne pas croire qu’il y a un gros brasier d’intolérance qui est alimenté depuis toujours dans le monde du hockey (et du sport en général).
Évidemment qu’on ne règle pas le problème de l’inclusion avec un chandail d’échauffement et quelques drapeaux dans les gradins. Mais, c’est un pas dans la bonne direction. C’est un message positif. C’est la fondation de ce qui pourrait devenir un endroit stimulant et accueillant pour absolument tout le monde et non juste ceux qui cadre dans le moule du «boys club».
Comme je disais, ce n’est pas parce que c’est facile pour moi que ce l’est pour tout le monde. Et même si ce n’est pas mon combat, la moindre des choses c’est de ne pas être un obstacle.
Le problème, avec des propos comme ceux des frères Staal, pour ne nommer qu’eux, c’est qu’en plus de ralentir le groupe, ils font entrave au travail de ceux qui souhaitent des opportunités similaires pour tout le monde.
On ne demande pas aux chrétiens purs et durs d’être des alliés et des militants. Mais ne soyez pas des obstacles non plus. C’est pourtant simple quand on prend un petit recul pour se rendre compte que de prendre tous les détours du monde pour préciser qu’on est ouvert malgré tout, c’est une fermeture à peine dissimulée. Au moins, maintenant, il y a des voix pour percer ce mur d’intolérance et offrir de la lumière à tout le monde. Je vous invite à les écouter et à considérer ce qu’elles disent.
Pour ma part, j’ai juste hâte qu’on arrête de ralentir le groupe. L’inclusion, c’est pas une mode ou un choix «de gauche», c’est juste le gros bon sens. Y’a pas de politique ou de religion là-dedans, juste des humains qui veulent vivre leur vie sans se faire taper sur la tête pour ce qu’ils sont.
Simple de même.
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