Au baseball, ce sport qui ne fait jamais rien comme tout le monde, les risques de voir les séquelles de multiples commotions tuer les joueurs à la retraite sont, disons-le, pas très élevées. Parce qu’à moins d’être malchanceux et de recevoir une balle frappée entre les deux yeux, les risques de se la péter solide sont plutôt minces.
Non, le plus grand danger qui guette les anciens joueurs, c’est le cancer causé par… le tabac à chiquer! (Bon, on pourrait parler des cancers causés par les stéroïdes, mais comme personne ne se vante d’en prendre, les données publiques à ce sujet sont plutôt rares. Comme disait Geneviève Jeanson : « J’en ai jamais vu, on ne m’en a jamais offert… »)
Mais c’est quoi l’idée de se mettre du tabac dans la yeule? Hein?
Pour plusieurs raisons. La première relève du hasard : le baseball est devenu populaire à peu près en même temps que l’habitude de chiquer du tabac, vers la fin du 19e siècle. Parce que c’est bien plus viril se mettre une garnotte de tabac dans la bouche que de s’allumer une pipe comme les gens de la haute, n’est-ce pas?
Par la suite, les joueurs se sont rendu compte que passer un après-midi de juillet à jouer une partie de baseball dans un champ, ça assèche la bouche et la chique de tabac stimule la production de salive. En fait, ça stimule aussi tout court, parce qu’on s’envoie une belle grosse dose de nicotine directe dans le système.
Et ça permet de faire de beaux gros crachats bruns, qui ont servi à créer la fameuse spitball, qui consiste en cracher sur la balle pour la rendre moins blanche, donc moins visible, et créer un déséquilibre qui modifie de façon imprévisible la trajectoire de la balle.
Mais, le plus gros problème avec le tabac à chiquer est qu’il est, bien entendu, aussi addictif que la cigarette. Tellement que, selon les dernières estimations, environ le tiers des joueurs professionnels continue de chiquer du tabac durant le jeu. Plusieurs joueurs, dont Babe Ruth et Tony Gwynn, seraient décédés de cancers de la bouche ou de la gorge, qui auraient été causés par cette vilaine habitude.
En décembre 2016, la MLB et l’Association des joueurs se sont entendu sur les termes d’une entente de 5 ans qui interdisait aux nouveaux joueurs de chiquer du tabac. Cette entente comporte une clause «grand-père» qui permet aux joueurs déjà actifs en date du 1er décembre 2016 de continuer à chiquer comme bon leur semble.
Adieu, grosse chiquée.
Commentez cet article