Chaque fin de semaine de la fête du Travail depuis près de 80 ans, les communautés chinoises de plusieurs grandes villes d’Amérique du Nord s’excitent le poil des jambes en ti-pépère: c’est le grand tournoi de 9-Man, l’équivalent Chinatown du Super Bowl.
C’est quoi, ce sport? Une variante du volley-ball, disputé à neuf joueurs par équipe, sur un terrain en asphalte, communément appelé «stationnement réaménagé».
L’histoire du 9-Man est intimement liée à celle de l’immigration chinoise en Amérique. Pour faire ça court,, bien disons que les Chinois n’étaient pas bienvenus du tout en Amérique au début du siècle dernier. Alors ceux-ci se regroupaient dans certains quartiers ouvriers, qui sont éventuellement devenus les quartiers chinois que l’on connaît aujourd’hui. Comme les Chinois n’étaient pas tellement invités à jouer au basket avec leurs voisins, et bien ils jouaient à des sports bien à eux, comme la version chinoise du volley-ball, le 9-Man. Avec le temps, les communautés ont changé, mais le sport, lui, est resté pas mal pareil.
Ainsi, les regroupements commerçants des grands Chinatown financent souvent des équipes de 9-Man. La tradition se passe de pères en fils, et rien d’autre. Non seulement les filles n’ont pas le droit de jouer, mais pour participer aux grands tournois, les équipes doivent contenir un minimum de 6 joueurs de descendance chinoise, tandis que les trois autres peuvent provenir d’un certain nombre d’autres pays asiatiques, mais pas tous.
Si la tradition peut sembler discriminatoire (et elle l’est, on va pas se le cacher), les jeunes de la communauté chinoise sont bien contents d’avoir comme adversaires d’autres jeunes ayant un bagage génétique qui ressemble au leur, les Asiatiques n’étant pas, traditionnellement, des géants avec des gros pipes. En plus, pour plusieurs, il s’agit pratiquement de leur seul lien concret avec la culture de leurs ancêtres.
Le film 9-Man, qui sera présenté à Montréal en octobre dans le cadre du Festival du nouveau cinéma, suit plusieurs équipes dans leur préparation en vue du grand tournoi de la fête du Travail. Les joueurs et entraîneurs expliquent à l’équipe de la réalisatrice Ursula Liang leur vision du jeu, l’importance (énorme) que ça a dans leur famille.
Voyez la réalisatrice parler de son film:
Depuis 15 ans, la dynastie, c’est l’équipe Connex, basée à Toronto, parfois défaite par une maudite équipe d’arrivistes de Californie. Montréal compte aussi un certain nombre d’équipes, mais le film ne s’y attarde pas.
De la pure fierté communautaire, de la bière, des petits pains vapeurs fourrés, bien des sacres en mandarin, des larmes et du sang, le film nous plonge dans un univers complètement étranger pour ceux qui ne sont pas du pays de Mao, ni d’Ève, ni d’Adam.
À voir!
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Le documentaire sera présenté les 12 et 16 octobre prochains au Cinéplex Odéon du Quartier latin. Il est également possible de le louer sur le site Internet du film!
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