Kevin Owens et Sami Zayn

À quelques jours de Wrestlemania 39 de la WWE, la plus grande fête dans le monde du divertissement sportif, les amateurs de lutte des quatre coins de la planète ont les yeux rivés sur le combat principal de la fin de semaine : Roman Reigns contre Cody Rhodes pour les championnats du monde unifiés de l’organisation.

Mais au Québec, on vibre autrement à l’approche d’un week-end 100% lutte. On vibre au diapason de deux frères de ring liés un à l’autre depuis plus de vingt ans. On se range, inconditionnellement, derrière la quête de Kevin Owens et Sami Zayn de terrasser les champions par équipe de la WWE : les frères Uso.

Tout ça, dans l’immédiat, c’est la culmination d’une histoire qui a fait de Sami Zayn un nom commun dans les chaumières de la Belle province. C’est le point d’exclamation après une soirée triomphale au Centre Bell où Sami Zayn, malgré sa tentative veine de renverser Roman Reigns, a été reçu en héros par une foule conquise et généreuse au domicile du Canadien de Montréal. C’est le combat à Wrestlemania pour terminer la saison de la WWE, d’une certaine façon, et offrir aux deux Québécois une immense tribune afin de nous démontrer, une fois de plus, qu’ils font partie de l’élite de la profession.

Mais l’immédiat, avec Kevin et Sami, ce n’est qu’une infime partie de l’histoire.

Frères de ring

Kevin Owens et Sami Zayn, comme des centaines de lutteurs d’ici, ont débuté dans des petites fédérations du Québec devant de maigres foules. Des fois, on pouvait les compter en dizaine dans un bar converti pour la soirée. D’autres fois, quelques centaines de fervents résonnaient autant qu’un Centre Bell plein à craquer.

L’effervescence, dans ces démonstrations modestes, n’était pas moindre.

Les deux lutteurs, à l’époque, ne pouvaient pas prédire qu’un jour ils seraient en vedette à Wrestlemania avec la chance de remporter les championnats par équipe. Ça serait, pour un duo d’ici, une première conquête depuis les Quebecers de Jacques Rougeau et Pierre-Carl Ouellet au milieu des années 90.

Ce que les deux hommes savaient, par contre, c’est que leur passion pour la lutte n’était pas qu’un loisir de fin de semaine.

Ils ont saisi les opportunités, ils ont voyagé ensemble, ils étaient à la fois une équipe et des rivaux, des frères et des ennemis. Sur une ligne du temps, leurs carrières ont toujours été parallèles une à l’autre.

Kevin et Sami, pour toujours

Après des années sur la scène indépendante aux États-Unis et ailleurs, Kevin Steen est devenu Kevin Owens et Sami Zayn a découvert son visage masqué durant toutes ces années. C’est Zayn, en premier, qui a franchi les portes de la NXT avec un contrat de développement en poche. En janvier 2013,  Sami Zayn s’invitait dans la grande famille de la WWE et, indirectement, il a tenu la porte ouverte pour son éternel partenaire.

En août 2014, c’était au tour de Kevin d’obtenir son contrat.

Après des semaines de vignettes promotionnelles et de présentation, le 11 décembre 2014, Sami Zayn a finalement remporté le championnat de la NXT et son meilleur ami lui a planté un couteau dans le dos.

C’était, pour les amateurs de la WWE, l’introduction officielle à la relation riche et complexe entre les deux hommes. Comme les meilleurs amis font les meilleurs ennemis, Kevin et Sami se sont affrontés de nombreuses fois avant de voir les deux hommes se diriger vers la programmation régulière de la WWE à la télé.

Kevin Owens a connu plus de succès plus rapidement. Son style, son franc-parler, son attitude, tout ça lui a avoir des portes. Il s’est rapidement frotté aux grands de la compagnie comme John Cena et il a même capturé le championnat universel de l’organisation. Depuis, il comptabilise ses présences à Wrestlemania et rebaptise le tout KO-Mania avec des chandails personnalisés.

Kevin, après tout, a eu des combats d’envergures en six présences à la grande classique de la WWE. Par exemple, l’année dernière, il était le lutteur en face du légendaire Steve Austin pour son combat de retour après une longue retraite. Il a aussi remporté le championnat des États-Unis en 2017 contre Chris Jericho.

Kevin et Sami ont même souvent partagé le ring à Wrestlemania. En 2016, pour leurs premières fois, ils participaient à un match d’échelles pour le championnat Intercontinental. En 2018, pour le retour de Daniel Bryan, ils formaient une équipe contre la paire de l’ancien champion et Shane McMahon. En 2021, c’est un contre l’autre qu’ils étaient sur la carte avec un Kevin triomphant.

Depuis leur venue à la WWE, c’est Kevin qui a la place de choix à Wrestlemania. Mais pas cette année, pas dans cette histoire, pas depuis la montée phénoménale de Sami Zayn auprès du Bloodline de Roman Reigns. À pareille date l’an dernier, Sami Zayn s’inclinait contre Johnny Knoxville, de la série de films Jackass, dans un combat fort divertissant, sans l’ombre d’un doute, mais loin du sommet de la carte.

En un an, à force de saisir les opportunités, Sami Zayn a imposé son nom sur la marquise et maintenant, on ne peut plus lui refuser sa place dans les hautes sphères de la WWE.

Si Kevin avait une longueur d’avance jusqu’ici, les deux frères se sont retrouvés dans ce qui pourrait devenir un fil d’arrivée à franchir ensemble … avant une inévitable secousse dans leur relation et d’autres affrontements un contre l’autre.

«Fight forever», c’est un mantra consacré dans le monde de la lutte pour exprimer l’appréciation d’un spectacle par la foule. Ce désir de ne jamais voir la conclusion d’une bataille, cette satisfaction devant l’éternité d’une expérience, c’est l’ultime sceau d’approbation.

Ne soyez pas surpris, donc, si sur le bout de nos lèvres, lors des prochaines années, la phrase «Kevin et Sami pour toujours» s’invite sans avertissement. Parce qu’au fond, c’est ce qu’on souhaite en tant qu’amateurs de lutte au Québec.

Kevin Owens et Sami Zayn, dans un ring de lutte, encore et toujours.

Cette fin de semaine, ils seront en équipe à Wrestlemania et peut-être triomphants à la fin de la soirée. L’an prochain, on ne le sait pas, ils seront peut-être un contre l’autre pour le championnat du monde. Ce qu’on sait, par contre, c’est qu’ils pourront compter sur notre soutien, comme on peut compter sur leur passion pour nous transporter dans des zones de grands émois.

Kevin et Samy, pour toujours et jusqu’à la prochaine fois.

Bon Wrestlemania à tous les amateurs de lutte, ou plutôt, bon KO-et-Sami-Mania.



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