C’était il y a pratiquement quatre mois. Phillip Danault servait une passe parfaite à Artturi Lehkonen. Quelques secondes plus tard, la lumière rouge scintillait et pizza à la main, Danault souhaitait bonne st-hean aux québécois avec une présence en finale de la Coupe Stanley en cadeau.

Octobre 2021. Après quatre matchs en saison régulière, il n’y a plus de Danault et la pizza n’a plus le même goût. La croute est sèche et le fromage est fondue.

Le Tricolore a perdu quatre matchs consécutifs. Chaque année, le Canadien en perd quatre en ligne. Rien de bien unique et dramatique. En autant que tu en gagnes six en ligne à un moment donné…

Remarquez qu’à chaque séquence de revers, les mêmes hypothèses pour justifier les creux de vague ressortent. Laquelle est votre favorite?

Pas de leader

Vous vous souvenez de Charles d’Occupation Double. Quoi? Il n’y a pas juste le hockey dans la vie. C’est lui que ça nous prendrait. Un vrai lîdeure.

« On n’en a pas de lîdeure chez le Canadien. C’est aussi simple que ça », peut-on entendre dans la ligne ouverte la plus près de chez vous.

Vrai que Shea Weber et Carey Price ne sont pas dans le vestiaire pour agir à titre de meneurs d’hommes. Vrai aussi qu’ils étaient dans la formation lorsque le Canadien a subi deux séquences de huit revers consécutifs, il y a deux saisons.

Brendan Gallagher, lui? Ce n’est plus un leader, ça m’a tout l’air. Il l’était, mais pu là. « Vraiment pas convaincu qu’il va se lever dans le vestiaire moi. Je ne suis jamais aller dans le vestiaire, mais je te le dis quand même. Je voulais qu’il le soit le prochain capitaine, il y a trois ans, mais là je ne veux plus. Il n’est plus un lîdeure.

Bin coudonc.

Les trios

Ah les trios! C’est déjà reparti. Un entraîneur-chef est payé pour apporter mille et une modifications durant un match afin de s’adapter à la stratégie de l’adversaire. 95% des téléspectateurs n’y voient que du feu. Je m’inclus dans le groupe. Tout à fait normal, ce n’est pas notre métier.

On regarde la rondelle pour voir si elle va aller dans le fond du but. Qui regarde la modification de la position de Mathieu Perreault en repli défensif lorsque le deuxième trio adverse est sur la patinoire? Dominique Ducharme.

Il doit aussi, avec ses adjoints, préparer des stratégies en avantage et en désavantage numérique. Il doit déployer des schémas tactiques pour les mises au jeu en territoire offensif et défensif. Il doit aussi remonter la confiance de certains joueurs et leur expliquer pourquoi ils ne jouent pas en fin de match. Et sûrement plusieurs autres trucs auxquels je ne pense pas.

Pourtant, notre évaluation du travail de l’entraîneur se résume à une seule tâche : sa gestion des trios. Il faut des bons trios, il peut rester. Je ne suis pas d’accord avec ses trios?Dehors!

Jesperi Kotkaniemi a passé trois ans sur le c** chaque qu’un adversaire passait près de lui. Il échappait constamment la couverture de son homme. Il pouvait récolter deux buts et une aide entre l’Halloween et le jour de l’an. Pas grave, tu me le mets avec les meilleurs ailiers et sur le premier power play. Sinon, t’es dehors!

Le 7e étage

Sais-tu pourquoi Tyler Toffoli patine avec laveuse-sécheuse intégrée et qu’il passe plus près d’assommer le vendeur de popcorn que le gardien adverse?

C’est parce que Geoff Molson n’a pas dit allô à Marc Bergevin durant la photo d’équipe.

Bergevin n’a pas encore de contrat au-delà de la prochaine saison. Si tu n’es pas au courant de ça… tu n’es pas en train de lire ce texte.

Le fait que Bergevin n’ait pas de contrat bousille complètement la confiance de Cole Caufield. C’est pour ça que son tir a touché le poteau face aux Sharks.

Vous aurez évidemment compris l’ironie dans tout ça.

archives RDS

Au baseball, les Rays ont terminé au premier rang du classement dans la Ligue Américaine en 2021.

Et pourtant, ils jouent dans un stade qui est démodé depuis la retraite de Ty Cobb. Il y a des joueurs qui n’étaient même pas nés quand les rumeurs de déménagement ont débuté.

Le joueur d’arrêt-court peut lui-même demander un sundae à l’employé au comptoir tellement la poignée de spectateurs est silencieuse.

Donc vous allez comprendre que le mutisme de Molson sur le contrat de Bergevin en lien avec les résultats… très peu pour moi.

Les estrades

On les assit tous! Toute la gang dans les estrades. « Tu veux pas te forcer, enwèye dans les estrades. Une chance que ce n’est pas moi qui coach cette équipe-là, parce que Petry, ça irait dans les estrades. Chiarot aussi, tiens. Hoffman? Dans les estrades toi aussi! Je n’aime pas ton attitude. »

Mais il a juste joué un match. « Justement, tu passes un message. Et comme je suis assis dans mon salon, je n’ai pas à lui dire. Ça fait que, dans les estrades, que je t’ai dit! »

Les médias

J’ai gardé le dessert pour la fin. C’est. La. Faute. Des. Médias!

Ah que ça fait du bien dire ça! Je traite Jonathan Drouin de gros paresseux sur Facebook, Twitter, MSN Messenger et sur les lignes ouvertes.

C’est quand même de la faute à Benoît Brunet, payé pour analyser le rendement des joueurs, si les Québécois ne veulent pas signer ici.

Je dis exactement la même chose que Benoît Brunet. Moi j’ai le droit. Lui, il n’a pas le droit!

Depuis le début de la saison du Canadien, j’ai lu le début de cette phrase au moins une fois à chaque jour : « Il y a juste à Montréal où… »

Non. C’est justement le contraire. Il n’y a absolument rien de rien de rien de particulier à Montréal quand vient le temps de critiquer une organisation professionnelle.

C’est la même chose avec les Cowboys de Dallas, les Yankees de New York, les Celtics de Boston et le FC Barcelone.

Nous ne sommes pas plus vites sur le gun et nous ne sommes pas plus sévères. Nous inventons, ici comme ailleurs, des prétextes trouvés entre deux gorgées de café pour expliquer les léthargies de notre meilleur joueur.

C’est ce qui fait vendre le sport professionnel, ce qui finance en partie les entreprises de presse sportives et c’est aussi la raison pour laquelle tu peux avoir une conversation avec l’oncle de ta copine au party de Noël.

Avec 4 matchs de retard, je nous souhaite donc une bonne saison… et une victoire.