Si vous n’étiez pas là pour voir l’ère attitude de vos propres yeux, ou si vous n’êtes pas des maniaques de la WWE, il est tout à fait possible que le nom de Brian Pillman ne vous dise pas grand-chose. Et c’est là la tragédie de Pillman : il est une légende qui n’a pas eu le temps de le devenir.
Pourtant, plusieurs grands lui en doivent une; du côté rebelle et anti-establishment de CM Punk à la « folie » de Dean Ambrose, nombreux sont ceux qui ont une dette envers le fils prodigue de l’Ohio. Et pourtant, il demeure relégué au second plan quand on fait la liste des lutteurs marquants des années 90, peut-être parce qu’il est mort avant que sa légende ne puisse s’achever.
Voulant sans doute remédier à cette injustice, Liam O’Rourke a lancé il y a un mois Crazy Like A Fox : The Definitive Chronicle of Brian Pillman 20 Years Later, qui, comme son titre l’indique, se veut la ressource définitive sur la vie et la carrière de Pillman.
La première chose qui nous frappe, c’est qu’O’Rourke a visiblement une grande affection pour son sujet. L’histoire qu’on présente n’omet aucun détail, et les témoignages de ses proches, non seulement du monde de la lutte, mais aussi de sa famille et de son ancienne vie de footballeur, sont nombreux et vont au fond des choses.
Crazy Like A Fox: The Definitive Chronicle of Brian Pillman 20 Years Later a aussi d’intéressant d’être une biographie qui n’est d’aucune façon cautionnée par la WWE. On se permet donc d’écorcher la WWE, qui a possiblement sa part de responsabilité dans la mort de Pillman. Les horaires complètement fous, l’obsession pour le physique toujours plus imposant, le laxisme envers les drogues, O’Rourke soulève des questions qui méritent d’être posées, au lieu de balayer sous le tapis les aspects plus sombres de la lutte professionnelle.
Le fait que l’auteur ait eu accès a autant de confidences des amis les plus proches de Pillman permet aussi d’en apprendre énormément sur les pensées qui habitaient le lutteur à différents stades de sa carrière, du moins autant que possible quand on parle d’un lutteur qui est décédé.
On apprend par exemple comment Brian Pillman a délibérément établi un plan afin de convaincre même ses patrons et ses collègues qu’il était véritablement fou, afin d’enfin attirer l’attention du public et de l’establishment et d’ainsi faire monter sa valeur.
Surtout, on nous raconte l’histoire d’un homme qui a su être si convaincant dans son rôle de fou, de « loose cannon », qu’il a fini par se convaincre lui-même, au prix de sa vie.
Si on peut faire un seul reproche à cette biographie, c’est que l’affection évidente de Liam O’Rourke pour Brian Pillman vient parfois alourdir le livre. Ce n’est pas que O’Rourke soit trop clément envers Pillman; au contraire, il n’a pas peur de présenter les faits tels qu’ils sont et d’admettre que Pillman était loin d’être un saint homme. Mais on ne peut s’empêcher de remarquer que certains passages auraient pu être élagués, notamment cet épilogue qui s’étire, nous présentant en long et en large le parcours de chacun de ses enfants durant les vingt années qui ont suivi la mort du père.
Les 3 meilleures citations
Sur son rituel d’avant match de football au secondaire :
His aberrant pre-game preparations became notorious, as Brian would suit up, don his helmet and begin headbutting lockers, throwing hard elbows at them and screaming obscenities at himself in a blind fury as his teammates watched on with an anxious unease. Just when the aggression would hit its peak, he would inevitably vomit in the toilets or trash can. Without skipping a beat, he’d fasten the chinstrap and be ready to go.
Sur sa relation avec Ric Flair
He says, ‘‘Oh no, that’s not the problem. He really likes me. He makes me go drinking with him every night. But two thirds of the drinks I pour into the potted plants. I’m only drinking one third of the liquor he is and I’m so fucked up I think I’m going to become an alcoholic! I can’t live like Flair! But Flair loves me and I’m afraid if I say no to him he’ll turn against me…and he runs the whole deal!’”
Son talent de commentateur
Pillman: “Are they going to be recruiting new referees for this Light Heavyweight Division? Quicker, smaller, more agile?”
JR: “You looking for work?”
Pillman : « No, I got my hands full now carrying your ass through these broadcasts. Should see the size of my traps now. »
En un mot, Crazy Like A Fox : The Definitive Chronicle of Brian Pillman 20 Years Late est un ouvrage incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à ce précurseur de l’ère attitude. Et si la mort a cueilli Brian Pillman avant qu’il ne puisse accomplir son plein potentiel, cette biographie permettra au moins de lui rendre un peu de la gloire qui lui est due.
Note : 4,5 guns sur 5
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