2017 a peut-être été l’année du féminisme avec la pléthore de dénonciations, mais aussi de femmes s’affirmant comme des modèles. Et 2018, si on se fie aux dernières semaines, sera fait du même bois.
À l’aube de ce premier Royal Rumble entièrement féminin, il me semblait donc approprié de faire la lecture de Sisterhood of the Squared Circle : The History and Rise of Women’s Wrestling, un livre lancé en 2017 par Dan Murphy et le Québécois Pat Laprade.
Ce livre se propose de faire l’histoire de la lutte féminine, en passant par chacune des actrices marquantes de la discipline, une à la fois. Si vous avez lu À la semaine prochaine, si Dieu le veut, c’est exactement la même formule.
Cette formule vient avec ses avantages et ses inconvénients. D’un côté, ça rend la lecture très facile. On peut lire le portrait d’une ou deux lutteuses, prendre une pause et revenir plus tard. Ça en fait un bon livre de transports en commun, en quelque sorte, digestible en petites bouchées.
Toutefois, on perd un peu l’aspect « ’récit »’ de l’histoire. Souvent, dans la lecture, j’ai eu une impression d’un récit saccadé. Par exemple, on se penche sur Sasha Banks, mais on omet volontairement certains de ses matchs avec Bayley, parce que le prochain segment parlera de Bayley et on veut se garder des choses à dire.
Ou encore, on mentionne le parcours d’une lutteuse japonaise marquante, et on nomme son adversaire. Par contre, l’adversaire en question ne nous est présentée que plusieurs pages plus tard.
Ceci étant dit, ce n’est qu’un détail quand on voit l’ampleur du travail réalisé ici par Murphy et Laprade. Le travail de recherche accompli ici est exhaustif, si bien qu’on a l’impression de se retrouver devant l’Encyclopédie de la lutte féminine.
Surtout que c’est un pan de l’histoire de la lutte qui est habituellement assez peu abordé. Demandez aux gens c’est qui leur lutteur préféré, vous entendrez souvent Stone Cold Steve Austin ou encore Ric Flair, mais rarement entendrez-vous Bull Nakano ou Mildred Burke.
Pourtant, c’est une histoire fascinante. Et les auteurs la racontent sans détour. Il aurait été facile de faire la glorification de la lutte féminine, mais Laprade et Murphy en racontent aussi les côtés plus sombres.
La lutte féminine a commencé comme un spectacle sexualisé, une façon pour les hommes d’une époque plus prude d’apercevoir un bout de fesse ou de voir une femme les jambes ouvertes. Et certains promoteurs sans vergogne, hommes comme femmes, ont profité de l’innocence de jeunes filles rêvant de devenir lutteuses pour se développer un harem, ou un réseau de prostitution.
Mais la lutte féminine, c’est aussi l’histoire d’athlètes d’exception qui ont défoncé des barrières. Qui ont su tailler leur place dans un milieu majoritairement masculin. Qui au fil du temps, sont devenues des modèles pour les jeunes filles (et les jeunes hommes aussi) montrant que les femmes aussi peuvent être fortes, peuvent être courageuses, peuvent être tough.
C’est une histoire pleine d’aspects sombres et d’épisodes scabreux, mais aussi d’héroïnes (les lutteuses, pas la drogue… ok, des fois la drogue aussi) et de flamboyance.
Avant le Rumble, pourquoi ne pas faire comme la WWE et donner une chance aux divas, vous aussi, avec Sisterhood of the Squared Circle : The History and Rise of Women’s Wrestling?
Les 3 meilleures citations
1- Sur les prix pas très égalitaires pour les pionnières de la lutte :
« The prize awarded to the winner of an 1876 boxing match between two women in New York City was a silver butter dish, a prize both valuable and practical for the fashionable dinner party hostess. Male fighters were awarded cash or free beer. »
2- Sur l’indépendance de Mae Young :
« In 1949, she was acquitted of a first-degree robbery charge in Reno, Nevada, after the victim (a 200-pound man) was found beaten on the road. The jury later ruled the man “the victim of his own amorous advances,” according to a Los Angeles Times article. Mae Young could take care of herself.
3- Sur Akira Hokuto, qui a prouvé que les femmes sont aussi tough que les hommes :
« How’s this for tough: In 1987, barely two years after breaking into wrestling, she suffered a broken neck while receiving a tombstone piledriver off the second rope during the second of a best of three falls tag team match. She finished the match, physically holding her head in place in her hands through the rest of the bout. »
Note finale :
4 ceintures en forme de papillon sur 5
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