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Aujourd’hui, à l’occasion de la journée Bell Cause pour la cause, Balle Courbe a décidé de vous parler de santé mentale, un sujet encore trop tabou dans le milieu sportif.

Voici quelques exemples récents d’athlètes ayant pris parole dans le but de sensibiliser les gens aux troubles de santé mentale.

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En mars 2018, Kevin Love avait frappé un grand coup en publiant sur The Players’ Tribune un texte intitulé « Everybody’s Going Through Something », dans lequel il déclarait avoir subi une crise de panique lors d’une partie en novembre dernier. Le but avoué de sa sortie publique était de provoquer des discussions au sujet de la santé mentale, plus particulièrement de la difficulté qu’ont les hommes à en parler avec les membres leur entourage.

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Crédits photo : Getty Images

La déclaration de Love venait peu après celle de Demar Derozan, qui avait tweeté lors de la fin de semaine du Match des étoiles « This depression get the best of me… » et ensuite accordé une entrevue à ce sujet au Toronto Star.

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Crédits photo : Getty Images

L’importance d’en parler

Peu avant, Johnny Manziel, qui avait connu une carrière électrisante au niveau collégial avant de faire patate dans la NFL, a lui aussi révélé son diagnostic au public : il souffre de trouble bipolaire.

On a aussi appris le cas à la fois célèbre et méconnu de Clint Malarchuk dans un témoignage coup-de-poing où l’ex-gardien de la NHL, qui avait failli perdre la vie sur la glace quand le patin de Steve Tuttle avait tranché son artère carotide. L’incident a eu des répercussions effroyables sur la santé physique, mais aussi mentale de Malarchuk : le stress post-traumatique de l’événement l’a poussé à des tentatives de suicide et il lui a fallu des décennies pour se remettre péniblement de cet incident

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Clint Malarchuk. Crédits photo : Radio-Canada

Évidemment, on doit saluer le courage de ces athlètes d’avoir partagé leur expérience. On peut aussi être optimistes et penser qu’ils ont fait ce choix en se disant qu’ils pourraient ensuite compter sur une certaine empathie de la part des fans de sport, que les mentalités évoluent et qu’on sera maintenant plus compréhensifs face à ce que des gens, aussi doués soient-ils dans leur sport, peuvent traverser. On peut même déjà voir des signes encourageants en ce sens; depuis la publication de la lettre de Love, Kelly Oubre, joueur de 22 ans des Wizards de Washington, a également abordé les périodes difficiles qu’il traverse présentement, et on peut prédire que d’autres suivront.

La tolérance envers les problèmes de santé mentale arrive malheureusement un peu tard pour certains. Pensons par exemple à Jerry West, qui a levé le voile des décennies après sa retraite sur son long combat contre la dépression. Stéphane Richer est un autre exemple de joueur qui n’a pas atteint son plein potentiel en raison de problèmes de santé mentale. Il était difficile pour ces sportifs, à l’époque, d’expliquer aux membres de leur entourage que malgré la « vie de rêve » qu’ils menaient (le gros salaire, la célébrité, le succès), ils avaient de la difficulté à affronter leur regard dans un miroir.

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Crédits photo : Getty Images

Sur le plan bassement pragmatique, il est important que les dirigeants d’équipe professionnelle comprennent mieux les enjeux liés à la santé mentale. Un entraîneur n’exigerait pas d’un joueur qui a une cheville fracturée de mettre ses patins d’ici à ce que sa blessure soit guérie; il faudrait maintenant qu’ils fassent preuve de la même compréhension envers ceux qui sont incapables de performer à leur plein potentiel en raison de troubles psychologiques.

J’imagine d’ailleurs que la décision de Love et de Derozan de partager leurs problèmes vient entre autres d’une certaine « sécurité » dans leur emploi : ils sont des joueurs d’élite dont la présence sur le terrain est indispensable si leurs équipes veulent espérer remporter un titre cette année, et ils seront probablement soutenus dans leur guérison pour cette raison. Johnny Manziel peut aussi croire à un retour dans la NFL maintenant qu’on comprend que ce n’est pas un petit « problème de tempérament » qui était à l’origine de son indiscipline à l’extérieur du stade (ajout : en fait, à constater comment ça se passe avec les Alouettes, on peut en douter, mais on continue à lui souhaiter bonne chance)

Des tabous à abattre

Par contre, le sport professionnel peut être cruel. Un joueur qui est trop souvent blessé ne pourra obtenir un contrat à la hauteur de son talent à cause du « risque » qu’il représente. Par exemple, Royce White, joueur de basketball très talentueux repêché au 16e rang par les Rockets de Houston et qui ne faisait pas de secret à propos de son trouble d’anxiété, n’a pas pu éclore en raison des différends entre son équipe et lui à propos des politiques de la NBA au sujet de la santé mentale. Malheureusement, les joueurs marginaux vont souvent cacher leurs bobos au personnel médical de leur club, de peur d’être cloués sur le banc. Ça doit aussi être le cas plus souvent qu’on pense pour les « blessures à la tête ».

Évidemment, il n’y a pas de solution facile face à ce problème. Au moins, pour qu’on commence améliorer la situation, la première étape est de reconnaître qu’il y a un problème.

On admire les athlètes à cause de leur talent prodigieux et de leur discipline de travail qui leur permet de se dépasser sur le terrain. Or, ce que Love, Derozan, Manziel, Oubre, Malarchuk et les autres qui suivront nous rappellent, c’est que « malgré » leur caractère exceptionnel, ces gens sont aussi des humains comme nous. On leur demande de donner l’exemple et d’être des « modèles pour la jeunesse », mais la leçon qu’ils nous donnent est parfois plus importante pour les adultes. Ils deviennent le point de départ de conversations essentielles, et justement, ce que ces athlètes qui parlent publiquement de leurs problèmes de santé mentale nous invitent à faire, c’est quelque chose de simple, mais crucial : en parler.

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Si vous ou un de vos proches éprouvez un trouble de santé mentale et que vous souhaitez en discuter, Balle Courbe vous invite à consulter cette page web pour savoir à qui vous adresser.



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