T’en manques une bonne l’arbitre! Hey le zébré! Homer! Ma grand-mère fait mieux que toi! Même le pape l’a vu à Rome!
Vous me voyez venir, n’est-ce pas? Les arbitres. Ces mal-aimés, tous des pas bons, n’est-ce pas?
On a tous l’ami Patrick, l’ami Marc-Antoine, dans notre entourage, qui croient que les deux officiels en chef d’un match entre le Canadien et les Penguins sont des envoyés spéciaux d’une force obscure chargée de faire perdre le Canadien en fin d’une troisième période. « La Ligue aime pas le Canadien, je te le dis. Chaque fois que Montréal joue contre les Penguins c’est ça qui arrive. La ligue protège Crosby, le gros. Nous, on ne les a jamais ces calls-là », disent… beaucoup trop de monde.
Le fameux, « on ne les a jamais ces calls-là… » mais ça sort d’où ça? Jamais, dans le sens de jamais depuis la création de la LNH?
Les Coyotes et le Wild, eux, ils écopent de moins de pénalité en fin de match, dû au travail de l’arbitre? Vraiment? T’as vérifié? C’est ce que je pensais.
Juste pour rassurer les plus sceptiques. Gary Bettman ne téléphone pas au responsable des officiels de la LNH, Stephen Walcom, qui ne rejoint pas le bon vieux Don Van Massenhoven, pour lui dire de pénaliser Paul Byron en fin de troisième période, parce que le Canadien affronte les Rangers le 17 novembre et que New York rapporte des gros dollars à la LNH, donc ils doivent gagner.
Les parents
Cher Papa, qui a payé 800$ pour une paire de patin à son fils, ailier gauche à caractère défensif dans l’atome B qui a besoin de mettre la rondelle à la verticale pour être capable de la lever, ce n’est pas l’arbitre qui n’est pas bon. C’est toi, cher papa.
Ton fils est tombé tout seul. Il n’a pas été accroché par son adversaire des Cobras de La Plaine. Ce n’est pas de la faute de l’arbitre si ton fils est tombé et donc incidemment, bien sûr, ne pourra pas jouer aux côtés de Nick Suzuki pour le Canadien dans 12 ans.
Donc, avant de suggérer à l’arbitre que ses parents ne l’aiment pas, ou qu’il mérite la pendaison par les pieds, prends un respire.
Les mythes déboulonnés
Pour nous assurer qu’aucun complot international ne forçait les officiels à décider eux-mêmes le dénouement d’un match, nous avons fait appel à Alexandre Fraser, un arbitre qui a fait le tour de la province, en officiant notamment au niveau universitaire, midget et junior AAA, ainsi que sénior AAA. En fait, on devrait dire, surtout sénior AAA.
Un duel entre La Tuque et Donnacona peut retrousser les oreilles des plus durs d’entre nous. « Il y a clairement des partisans qui ont attendu toute la semaine pour envoyer ch*** l’arbitre le vendredi soir », lance Fraser, arbitre depuis près d’une quinzaine d’années.
Le sifflet en prolongation
Probablement le mythe le plus répandu, celui de l’arbitre qui range son sifflet en prolongation. De la bouilli pour les chats? Absolument pas, selon notre officiel invité. « Tu ne peux pas arbitrer de la même façon, c’est certain. Tu dois tenir compte de l’intensité dans le match. Si tu es en finale d’une septième rencontre et que tu donnes un 2 minutes à un joueur qui a poussé un adversaire après le sifflet, tu vas changer l’allure de la rencontre pour un geste mineur. Tu ne peux pas faire ça. L’intensité est à son comble et l’arbitre doit gérer ça aussi », explique-t-il.
« Lorsque le pointage est de 7-0, tu dois protéger l’équipe qui gagne, si tu vois que l’équipe perdante devient frustrée. Le but premier est d’offrir un jeu sécuritaire et il ne peut pas manquer trois joueurs à l’équipe gagnante à la fin de match parce qu’ils sont blessés », ajoute Fraser.
L’officiel repentignois apporte aussi une nuance sur la nature de l’infraction : « Si je vois un cinglage sur les pantalons du porteur de la rondelle en zone neutre, qu’il n’y a aucune influence sur le jeu, ce n’est pas le même appel que le même cinglage qui fait perdre la rondelle au porteur en plein milieu de l’enclave. »
Avouer ses torts
Quand vous faites une erreur, les arbitres, avouez-vous vos torts? : « Quand tu commences à arbitrer tu as tendance à penser que tu as toujours raison. Avec l’expérience, tu constates que ce n’est pas le cas. Plus le niveau de jeu augmente, plus les joueurs et les entraîneurs apprécient un arbitre transparent. Si je fais un mauvais call, je le dis que je l’ai manqué. De toute façon, les bons entraîneurs sont vites et ils s’en rendent compte. La pire chose à faire toutefois, est de dire que tu lui en dois une. Dans ce cas, tu vas réparer une erreur par une autre erreur », conclut le bon Fraser.
La pire insulte qu’il a reçue d’un partisan ? : « Quelqu’un m’a dit de me couper la barbe, parce que je ne voyais rien. J’avoue que je me suis retourné pour voir qui m’avait dit ça. »
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